Le thème de votre rp vous sera donné par un administrateur, lors de votre inscription, qui devra être sous forme d'un rp d'un mimimum de 30 lignes.

« Lady Morgause. Vous devriez venir voir ça. Je crois que nous l’avons retrouvée. »

Interrompue en pleine méditation, Morgause ouvrit lentement les paupières, laissant ses yeux bruns aussi durs et froids que s’ils étaient d’un bleu glacé balayer la vaste étendue verte qui s’étendait sous elle, au-delà de la forteresse où elle et les autres prêtresses de l’Ancienne Religion s’étaient repliées. Sans répondre tout de suite à son interlocutrice, elle se perdit quelques secondes dans ce paysage immobile, avant de tourner les talons pour remonter le chemin de ronde et descendre les escaliers qui menaient au cœur de château. De la main, elle effleurait les murs. Chaque pierre vibrait d’ancienneté et de puissance magique. En ces murs, Morgause se sentait à la fois invincible et à sa place. Une pierre parmi d’autres. Elle qui avait grandi entre ces murs imprégnés d’un savoir qui les dépassait tous, elle connaissait mieux que personne tout ce que ce lieu avait à enseigner, et elle était celle qui savait le mieux en tirer l’incommensurable énergie qui y résidait. Sans conteste, Morgause était sûrement l’une des plus grandes prêtresses que l’Ancienne Religion ait jamais portée.
Son acolyte la mena dans ce qui ressemblait à une crypte, au centre de laquelle se trouvait un autel cerclé de gravures à même le sol. D’anciennes runes, qui empêchaient toute créature que les sorcières d’accéder à la boule de cristal qui flottait mystérieusement au-dessus de la table de marbre. Morgause passa la barrière magique sans difficulté, comme si elle perçait une bulle d’air, et plongea son regard à travers l’objet enchanté. Elle ne put d’abord rien voir, mais peu à peu, la vision s’ajusta, et une silhouette se dessina devant ses yeux. Un frisson lui parcourut l’échine. Elle le savait. C’était elle.

« Lady Morgause ? »

Sourde à l’injonction de sa complice, Morgause se pencha légèrement en avant, les mains posées à plat sur l’autel. Elle semblait hypnotisée par la vision de cette jeune femme à la peau laiteuse, aux cheveux aussi sombres que l’ébène et aux yeux si clairs, une beauté froide mais envoûtante, telle qu’elle l’avait aperçue dans ses précédentes visions. Mais cette vision-là avait cette particularité qu’elle n’était pas un produit de son esprit seul : elle était réelle, la boule de cristal ne mentait jamais. Du bout des doigts, elle en effleura la délicate surface.

« Morgana… » souffla-t-elle, les yeux brillant curieusement d’une émotion inhabituelle chez cette sorcière dont le cœur avait depuis longtemps gelé dans le feu glacé de la vengeance. « Où se trouve-t-elle ? » demanda-t-elle plus fort à l’intention de l’autre.
« A Camelot, milady. J’en reviens à l’instant même. Lady Morgana est saine et sauve et semble tout ignorer de sa véritable nature. Cependant, les premières manifestations magiques commencent à faire leur apparition… »
« L’on ne peut réprimer à tout jamais ce que l’on est vraiment. » répondit Morgause avec gravité, les yeux toujours rivés sur sa sœur tant recherchée et jamais retrouvée. « Je le lui révèlerai. Je lui apprendrai. Elle l’acceptera, je le sais. »
« Il y a autre chose, lady Morgause… »
« Quoi donc ? »
« Lady Morgana est la pupille d’Uther Pendragon. »

Le sang de Morgause se glaça dans ses veines. Ses mains se crispèrent sur l’autel de marbre et un éclair de haine pure traversa son regard alors qu’elle faisait brusquement volte-face vers son interlocutrice. Cette dernière n’eut pas besoin d’ouvrir la bouche. Elle savait que la prêtresse avait parfaitement entendu.
Morgause ne soufflait mot, trop occupée à réprimer l’irrésistible bouffée de rage qui l’avait envahie. Uther, ce chien, ce meurtrier, le protecteur de sa jeune sœur ? Le geôlier d’une sorcière en éveil ? L’insulte était trop forte ! Un cri de fureur franchit ses lèvres et la marbre se brisa sous ses doigts, desquels une terrible énergie magique destructrice émanait. Seule de la poussière resta dans sa main alors qu’elle broyait un morceau de pierre, en proie à la plus vive colère. Uther, ce maudit Uther, cet assassin détenait Morgana !

« SORS D’ICI ! » cria-t-elle à l’autre sorcière, qui s’inclina calmement avant d’obtempérer. Une fois seule, Morgause resta immobile une seconde, avant de crier une formule d’une voix rageuse en tendant le bras vers le mur, qui explosa bruyamment. Rarement Morgause avait été aussi furieuse. Pourtant, cette brusque explosion de violence sembla la calmer. Elle baissa lentement le bras, reprenant son souffle en même temps que son sang-froid. Jetant un nouveau coup d’œil à la boule de cristal, elle se raisonna en se disant qu’il n’était pas temps de perdre la tête. Pas maintenant.
Son calme froid et souverain revint aussi vite qu’il était parti. De nouveau impassible, elle se mit à réfléchir. Les pouvoirs de Morgana ne tarderaient plus à se manifester de manière ostentatoire. Il n’y avait pas de temps à perdre. Il fallait qu’elle parte pour Camelot. Mais avant cela, elle songea que Morgana pouvait constituer un formidable atout pour sa cause. Une sorcière infiltrée au plus près d’Uther… Quelle occasion…
A pas mesurés, elle remonta à l’air libre, les yeux rivés sur le chemin devant elle. Bientôt, sa résolution fut prise. Il fallait qu’elle vienne en aide à sa sœur, que leur mère Viviane n’avait pas jugé bon d’envoyer loin de Camelot… Contrairement à elle. Ce qu’elle avait longtemps vu comme une trahison, Morgause commençait à l’entrevoir comme un avantage : si elle réussissait à rallier Morgana à elle, elles pourraient frapper Camelot directement de l’intérieur… Et de manière fatale. Et puis, se disait-elle alors qu’un sourire conspirateur naissait sur ses lèvres, quelle plus belle humiliation pour Uther que de mourir à cause de sa chère pupille ?

« Je pars. Préparez mon cheval. »
« Où partez-vous, lady Morgause ? »
« Chercher nos alliés. Ensuite, je ferai route sur Camelot. J’ai un plan. »

Les jours de Pendragon étaient comptés. Sous peu, Camelot brûlerait dans les flammes de l’Enfer, et la sorcellerie connaîtrait enfin sa renaissance… Morgause le jurait. Sur sa vie.