« Il était une fois, dans un bois de légende, un peuple de minuscules petits êtres, possédant des ailes qui frétillaient sans cesse pour les soulever dans les aires. Mi-femme, mi-papillon, c'est ce qu'on disait d'eux. Ils étaient, des êtres d'une délicatesse que les comtes ne cessaient d'encenser. On leur prêtait de nombreux rôles d'ailleurs. Comme celui de conférer des dons à la naissance d'enfants. On disait que le village voisin à leur clairière, ne cessait d'accomplir des prodiges grâce à la bonne volonté que ce peuple leur offrait. Les hommes avaient pour habitude de dire, qu'aucune femme ne pouvait égaler la beauté de ses êtres. Plus charmante, il n'y avait pas... Tu dois savoir quel nom on leur donnait. N'est-ce pas boucle d'or? » La jeune fille qui racontait cette histoire ne devait pas avoir plus de huit ans, mais à la voir prendre ainsi soin de la petite princesse qui ne voulait pas s'endormir, on aurait dit qu'elle était la mère décédée il y a de longues années. Les yeux pétillants d'admiration, celle qu'Eilidh surnommait ses boucles d'or, hochait frénétiquement de la tête. « Oui, oui! Des fées. C'est bien ainsi, qu'on les nommait, non? Hein, Fleur? » Le rire cristallin de la servante se fit entendre, s'élevant à travers la pièce, donnant une impression magique à l'instant qu'elles partageaient. Fleur... C'était ainsi que la princesse la surnommait depuis qu'elle lui avait expliqué la signification de son second prénom. Étrangement, Eilidh trouvait cela charmant. « Oui, boucle d'or. Ces êtres étaient des fées. Enfin, une des versions dont les légendes parlent... Mais, toute bonne histoire à une fin et la peur finie par envahir l’esprit des hommes et des femmes, qui jusqu'alors, avait vécu en harmonie avec ces créatures. Un mouvement de panique venant de bien loin, atteint de pleins fouets le cœur de ces êtres féérique et le feu fut l'arme qui les bannit à jamais de leur royaume. Oh, non! Boucle d'or, il ne faut pas pleurer. Tout ceci n'était dû qu'à de sombres rumeurs leur prêtant des actions peu recommandables. Et tout ceci était réel, elles avaient commencé à jouer des mauvais tours, kidnappant même certains humains qui s'aventuraient trop loin sur leur territoire. Le mal. Voilà ce qu'elles étaient tout au fond de leur être... » Rassurer la petite ce blotti plus confortablement dans ses couvertures et se servant de sa voix particulière, McLeod endormie rapidement son trésor. Laissant, en silence, couler les larmes, qu'elle avait senti venir lorsqu'elle avait menti sur la nature véritable de son propre peuple.

La présence oppressante du roi la fit frémir, mais sans un bruit, elle se contenta de sortir de la chambre et s'inclina devant cet humain qu'elle détestait de tout son corps d'enfant. « Tu m'avais promis de ne pas lui farcir la tête d'histoire à dormir debout. » Souriant timidement, elle fixait le sol de manière presque désespéré. « Ce n'est qu'une histoire pour dormir, mon roi. Je ne croyais pas, que cela déplairait à sa majesté. Je ne recommencerai plus, mon roi. Je vous en fais le serment. » Lui tournant le dos, il lui fit signe de le suivre. « Souvient toi, que c'est moi qui t'ai épargné lorsque tout ton peuple brûlait dans cette clairière maudite. Je t'ai confié aux bons soins d'une famille de mon peuple et depuis un an, je t'emplois comme dame de compagnie pour ma fille. Ainsi, que pour jouer son rôle lorsqu'elle doit ce pavané et qu'on risque d'attenter à sa vie. Ta seule tâche c'est qu'elle soit heureuse et bien portante. Mais, je pourrais très bien faire de toi mon espionne. Je suis conscient que tu peux sans problème mesurer trois centimètres de haut et te faufiler mieux que quiconque. Alors, si tu ne veux pas être privé de cette vie plutôt luxueuse que je t'offre, tiens-toi tranquille! » Grimaçant de colère, en son fort intérieure, la fée ne puis, que garder le silence en se rendant à la chambre qu'on lui réservait. La mention de son talent, dû à sa nature, lui avait crevé le cœur. Elle était la moins douée de toutes. Incapable de contrôler le moindre don, habituellement si aisé à sa race, elle se contentait de changer de taille, de faire pousser des ailes à son corps lorsqu'il était minuscule et sa voix endormait tous ceux qui l'entendaient chanter. Alors, que sa mère pouvait faire pousser des fleurs avec son chant. Elle était la moins douée de sa race, mais aussi l'une des dernières survivante.




Depuis des années, la jolie servante s'habillait plus richement que ses moyens le lui permettaient; Jouant le rôle de la princesse qu'on ne voyait que peu et jamais de près. Mais, le nombre de tentatives de meurtres expliquaient les précautions que le roi avait exigées. C'était donc, dans le rôle d'une princesse gâtée et naïve, qu'Eilidh se pavanait, souhaitant qu'on ne réussisse pas à la tuer en croyant qu'elle était princesse. Ce serait dommage de mourir pour si peu. D'un autre côté, l'idée qu'Agnès décède lui enlevait toute joie de vivre. Une petite voix lui murmurait que cette adolescente serait la cause de sa perte, puisqu'elle lui vouait une loyauté exagérée, mais, têtu comme elle l'était, Eilidh refusait de se l'avouer. D'ailleurs, ce n'était pas le moment d'y réfléchir, il fallait qu'elle se change, enfilant ses habits de servante pour mieux rejoindre toute la noblesse au diner d'anniversaire de sa tendre boucle d'or. Sur cette pensée, elle pénétra la chambre qui l'avait hébergé depuis ses huit ans. C'était bien le seul endroit où elle pouvait se permettre ses remarques sarcastiques à voix haute. Se sentant en sécurité, elle entreprit de ses dévêtir et ne pu que se figer sur place, en sentant les mains rudes d'un homme habitué au maniement d'épée, venir l'aider à retirer sa robe. « Mon père m'a dit une drôle de choses à ton sujet... Que tu ne serais pas aussi humaine que tu le sembles. Ne trouves-tu pas cela amusant? Il était saoul, mais je ne l'avais jamais entendu murmurer ton nom avec une pointe de regret. Puis, il a déliré disant que tu étais chargé de m'espionner, pour que je n'aie pas le culot de lui faire honte. » Maintenant, à moitié nue devant ce prince, qui ressemblait plus à un crapaud, la fée l'écoutait, le visage aussi de marbre qu'une statue. « Enfin, je suppose que le vin lui était monté à la tête... » Se retournant, par politesse, tout en devant se contrôler de façon à ne pas pleurer de se retrouver dans cette position avec cet homme qu'elle avait secrètement aimé et qui avait pris l'habitude de l'humilier dès que l'envie lui prenait. « Je ne puis contredire mon roi, qu'il soit imbibé d'alcool ou non. Mais, ne pouvant vous contredire non plus, votre altesse, vous comprendrez que je garde le silence sur ce détail. » Le sourire arrogant du prince augmenta son envie de fuir à toute jambe. Ce qui eut la sagesse de ne pas paraître sur son visage. Après plusieurs minutes de silence, il tourna les talons et s'approcha de la sortie. « Ma sœur a insisté que je m'assure que tu n'avais pas été blessé pendant que tu te faisais passer pour elle, tout en traversant le village. Maintenant que c'est fait, je retourne auprès d'elle. » Juste avant qu'il ne ferme la porte, son orgueil lui joua un mauvais tour et sa bouche désobéit à son mutisme habituel. « Tu devrais peut-être arrêter de batifoler avec la fille de ce lord que ton père a en affection. Je crois que tu n'apprécierais pas que ton père l'apprenne. Considérant que tu es déjà engagé envers une autre. » Oui, bon, une chose était claire, ils n'étaient pas fait pour s'entendre.

Boudeuse, elle écoutait jacasser Agnès, qui n'avait maintenant que seize ans. Sa petite réplique auprès du prince lui coutait plus qu'elle ne l'avait escompté. Ce pauvre nigaud avait beau, ne pas être le plus intelligent, il savait comment se débarrasser de ce qu'il n'appréciait pas. Il avait à peine attendu deux jours, avant de demander une audience auprès de son père et de proposer d'exiler sa sœur à Camelot. Là où, le chevalier, dont elle ne se souvenait plus du nom, pourrait peut-être l'héberger. Question qu'elle ne subisse plus les tentatives de meurtre et qu'elle puisse vieillir jusqu'à ce qu'elle se trouve un fiancé. Il avait habilement glissé, que sa dame de compagnie pourrait l'accompagner et leur faire un rapport quotidien, par lettre, bien entendu. Une fois le père convaincu, Eilidh n'avait eu qu'à faire ses valises et suivre, n'ayant pas son mot à dire. Elle avait presque envie de mettre fin à sa vie misérable. Elle pourrait ainsi éviter de se faire brûler vivre, lorsqu'on se rendrait compte qu'elle n'était pas humaine. Camelot. Son plus grand cauchemar, maintenant devenu son avenir. Bon, le point positif... Elle n'aurait plus à risquer sa vie pour Agnès, dès que celle-ci voudrait aller se promener. Point négatif, elle risquerait sa vie en étant simplement ce qu'elle était. Désespéré devant tant de malchance, elle se fichait pas mal qu'on lui ait murmuré qu'Emrys se trouvait là-bas. Emrys n'avait été qu'une rumeur que les druides lui avaient racontée, lorsqu'elle arrivait à avoir une journée de repos. Pour elle, il n'était qu'un concept et non pas une vraie chance de changement. Il lui faudrait beaucoup plus qu'un nom pour qu'elle prenne parti. Encore plus, lorsqu'elle savait pertinemment avoir des pouvoirs ridicules et qui ne servaient pas à grand-chose.