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Gwaine ? Mais où est Gwaine ? A la taverne du village, bien entendu, quelle question ! Sauf que tu as mal choisi ta journée puisqu'une horde de sauvageons font soudainement irruption dans le lieu et créaient une lutte collective. Voyons-voir comment Monsieur Muscle va pouvoir s'en sortir aujourd'hui.

Il était déjà tard et malgré le soleil qui brillait dans le ciel de Juillet, Gauvain restait alangui sur sa couche de paille, à moitié nu, dans ce qui semblait être une étable. Un seau d'eau était posé près d'un couple de bovin qui restaient immobiles et silencieux, comme s'ils respectaient le sommeil du villageois.

Le bruit d'un coq au loin ne parvint pas à réveiller le brun qui se retourna, laissant une flopée de brindille de paille s'infiltrer entre ses vêtements. Il se gratta dans son sommeil mais ne se débarrassa pas des importunes qui finir par le démanger suffisamment pour que son repos soit troublé.

Il grogna et alors qu'il papillonnait, les paupières lourdes quémandant l'obscurité, la porte de l'étable grinça. Un fermier à l'aspect revêche, une bêche et une pioche dans une main, un seau plein d'avoine dans l'autre, s'avança, la mine bougonne.

Il ne sembla pas apercevoir Gauvain au premier abord et le brun était tellement endormi, une chape de plomb enserrant son crâne comme un puissant étau, il ne réalisa pas non plus qu'il se trouvait surement chez le fermier et qu'à moins d'avoir demander poliment son hospitalité la veille, il serait expulsé à coup de pelle ...

Gauvain essaya donc de s'agiter, profitant que le fermier s'occupait du bétail, flattant l'encolure de ses bêtes en leur parlant comme à des femmes avec lesquelles il aurait eu des relations d'ordre charnelles avancées d'une intensité rare. Se glissant derrière une poutre, il se déplaça sur la pointe des pieds, faisant le moins de bruit possible malgré le parquet grinçant.

Malheureusement, un pas un peu plus lourd et l'absence totale de perception de l'espace de Gauvain dont l'esprit et les membres étaient encore imbibés d'alcool, le fit trébucher et il s'étala dans un bruit sourd sur le sol de la grange. Malgré son habituel vélocité, Gauvain mit quelques secondes à se relever et le fermier eut un mouvement de recul en le voyant.

Il entama une sorte de lancinante litanie d'insultes et de remontrances d'une originalité époustouflantes. Gauvain n'eut pas le temps d'écouter la totalité de son discours car son instinct de conservation le poussa à se propulser à travers la fenêtre de la grange. Ou peut être que ce fut le seau vide qui fendit l'air, envoyé énergiquement par le fermier qui se montra particulièrement vigoureux pour son âge.

Alors que Gauvain atterrissait plutôt douloureusement sur une touffe d'herbe dense, il ressentit plutôt brutalement les effets de sa mémorable soulerie de la veille. Son genou était bien amoché et ses poings avaient les jointures marquées. Il devait surement y avoir eu une bagarre à la quelle il avait fini par participer ...

Le brun avança de quelques pas dans sur un chemin pierreux qui s'enfonçant dans la forêt. Peu à peu, les souvenirs de sa soirée affluaient dans son cerveau et alors qu'il pénétrait à l'orée d'un bois touffu, il revit enfin la petite taverne dans lequel il avait passé la nuit.

C'était une petite gargote de famille, tenue par un père et sa fille. Le père était un grand homme trapu au visage joufflu et rougeaud. Il se tenait derrière le bar avec une expression fermée qui ne se décrispait pas même lorsque l'un ou l'autre de ses amis du village venait lui demander une bière. La fille en revanche était une jeune fleure d'une quinzaine d'années qui jouissait d'une beauté impressionnante.

Elle aurait brillé à la cour de Kaamelott, moulé dans une robe de satin amarante orné de brocard d'or. Mais elle ne portait qu'une tunique de servante avec un corset saumon maculé de taches. Elle servait les clients, arpentant la salle avec son plateau de sapin rond et un sourire ravissant sur ses lèvres roses.

Evidemment, la soirée avait bien commencé. Gauvain avait commandé une chope d'hydromel et la serveuse lui avait apporté, stimulant rapidement son besoin de passion. Lui qui arpentait le royaume de taverne en taverne se languissait souvent d'une nuit calme avec une jeune fille de belle figure.

La fille qui s'appelait Mary fut ravi de son intérêt car il était lui même beau garçon. Arrivant devant un groupe de vieux ormes aux troncs tordus aménageant une sorte de petite cabane, Gauvain se glissa entre les branches feuillues pour s'allonger un moment.

Il avait passé la plupart de la soirée assis à une table éloignée, discutant parfois avec Mary malgré le regard noir que lui jetait son père en astiquant ses verres d'un oeil morne. Mais Gauvain n'en avait cure et cette jeune fille lui plaisait.

Alors qu'il se faisait servir sa douzième chope de boisson tiède et sucrée, sirupeuse à souhait, la porte s'ouvrit à la volée et laissa entrer un groupe de trois hommes à la figure mauvaise et au rictus hargneux. Gauvain se redressa sur sa chaise et prit un instant pour les détailler. Ils avaient tout de bandits, assurément, et le brun avait comme l'impression que leur venue ne serait pas dénuée de problèmes.

La nuit tomba doucement sur le petit village de campagne et les brigands se tenaient plutôt tranquilles même s'ils ricanaient très fort, se ventant d'exploits peu reluisant à voix hautes. Mais lorsque ce fut à Mary d'apporter aux messieurs un plateau de liqueurs de prune, elle reçut du plus âgé des trois, une tape vigoureuse sur la fesse.

L'attrapant par la cuisse, il l'attira à lui et laissa ses grosses pattes poilues se promener sur son tablier. La belle avait beau se débattre, la poigne du bandit était plus forte que ses maigres ressources. En face, de l'autre côté de la table, les deux autres compères riaient en appréciant le spectacle.

Lorsque le vieux brigand finit par approcher sa grosse bouche crasseuses aux dents brunes et à l'haleine fétide du sein de la serveuse, Gauvain qui se contentait d'observer les événements d'un oeil compatissant, bondit sur ses pieds et traversa la salle à pas vifs.

Promptement, il interpella le vilain qui lâcha immédiatement Mary qui se précipita entre les bras du brun. La mine sombre, enragé par l'humiliation de Gauvain qui l'avait empêcher de profiter de la croupe de la serveuse, le brigand se redressa à son tour pour pousser l'épaule du brun.

Pensant d'abord à la jeune fille, Gauvain ne répliqua pas, se contentant de l'envoyer vers son père qui remontait péniblement de la cave avec un nouveau tonneau et qui avait donc manqué toute la scène. Alors qu'il se retournait pour saluer le barman avec sobriété, Gauvain reçut un brutal choc sur l'arrière de sa nuque.

Instantanément, il s'effondra mais repris bien vite ses esprits alors que le vilain ricanait sur sa carcasse d'apparence inanimée. Gauvain bondit en un éclair, se redressant sur ses pieds, profitant de l'effet de surprise pour envoyer un violent coup de pied derrière les genoux. Déséquilibré, le brigand tomba à son tour et Gauvain profita de cet instant de victoire pour s'écarter du groupe de bandit prêt à défendre leur chef.

D'un signe de tête vers le patron, il signifia qu'il allait partir -sans payer de surcroit- mais que le sauvetage de sa fille valait bien une vingtaine de chopes de bières ! Promptement, il sauta par dessus une table renversée et s'éclipsa en bousculant les autres.

S'enfonçant dans la forêt, il prit le parti de zigzaguer autant que possible, entendant distinctement les autres brigands se mettre en chasse, bien décidé à ne pas se faire rattraper et réduire en bouillie. Enfin, à bout de souffle, la tête tournant à cause de l'alcool et de l'émotion, il se laissa tomber près d'un tronc.

Au loin, Gauvain aperçut les lumières d'une groupe de fermes. Motivé par l'idée de dormir au chaud dans une grange sur un tapis de foin, il poussa sa route encore quelques minutes pour finir par entrer dans une vieille bâtisse, se glissant par la fenêtre sans faire de bruit. Éreinté, il se laissa tomber sur la paille et s'écroula dans un sommeil profond, bercé par la nausée et la tête tournant, ivre des vapeurs de bières et des aventures de sa nuit.

Un sourire charmeur s'afficha sur son visage alors que la fin de sa soirée se dissipait dans ses souvenirs. Marchant à travers la forêt, il se décida à retourner à l'auberge, bien décidé à retrouver Mary et à s'assurer à sa façon, qu'elle allait bien !