Il y a de cela une vingtaine d'années, dans la cité de Camelot, la famille Anderson accueillit un sixième enfant. Il s'agissait d'une fille que l'on nomma Aléonore Rose. Elle était la seconde fille du couple et l'aîné avait déjà neuf ans. Elle grandit auprès d'une grande famille aimante et attentionnée et bien qu'issue du bas peuple, elle s'en sortait plutôt bien. La petite Aléonore eut une enfance joyeuse, un peu difficile et mouvementée par moment, mais elle pouvait toujours compter sur ses aînés pour veiller sur elle. Quelques années plus tard, elle eut la chance à son tour d'avoir un petit frère et une petite soeur à protéger. Les écarts entre chacun n'étaient que de deux à trois ans, mais de l'aîné au cadet il y avait une marge énorme qui, entre nous, pouvait aussi avoir ses avantages. Des avantages dont Aléonore tirait parti lorsqu'elle se créait des problèmes ! Les hommes de la famille aidaient leur père à travailler tandis que les demoiselles aidaient plutôt leur mère. Nourrir huit enfants n'étaient pas une tâche facile, mais si chacun y donnait du sien alors, tout allait bien. Aléonore aimait beaucoup s'amuser et fourrer son nez partout où elle ne le devait pas, et travailler selon elle était ennuyeux. Cuisiner, passer un coup de balais ou laver les vêtements: vraiment peu pour elle ! Elle avait toujours été la plus vive, la plus espiègle et la plus têtue des huit. Malgré tout elle restait serviable et sensée, même si elle trainait toujours ici et là lorsqu'on lui donnait une course à faire. Parce que cette petite fille était curieuse de tout. Des chevaliers traversaient le village à cheval ? Elle s'arrêtait. Une marchande criait pour vanter son tissus ? Elle s'arrêtait. Un rassemblement sur la place ? Elle s'informait. Et plus ça allait, plus elle tendait l'oreille. Un caractère qui ne changea guère au fil des années, au contraire il n'avait fait qu'empirer. Âgée d'à peine quinze ans, Aléonore faisait déjà parler d'elle comme la plus commère du village. Une réputation qui lui mit beaucoup de personnes à dos, en particuliers chez les dames. Les jeunes filles de son âge l'évitaient au possible tandis que les ménagèrent médisaient sur elle à voix basse. Un beau jour Aléonore ne tint pas sa langue et les mots lui échappèrent, mais bien sûr, comme d'habitude, cela l'amusait plus qu'autres choses et elle leur avait même tiré la langue. Une audace qu'elle ne se permettait pas avec tout le monde, heureusement. « On parle on parle, mais ne faites-vous pas la même chose ? Commères ! » ... Les années passèrent et presque rien ne changea dans la vie d'Aléonore. A seize ans, elle s'était découvert un intérêt pour les plantes quand, par hasard en se baladant en forêt pour une cueillette de champignons, elle avait cru bon de ramasser des plantes. Intuition ? Les plantes s'avéraient être utiles à la médecine et de ce fait, elle s'informa un peu plus sur le sujet pour finalement en faire son commerce l'année suivante. Elle vendait ses cueillettes ici et là contre quelques pièces d'or, mais celui qu'elle fournissait le plus était bien sûr le médecin de la cour, Gaïus. Tous les moyens étaient bon pour rapporter un peu d'argent, non ? Ce fut de cette façon qu'elle croisa un jour Arthur, le Prince du royaume. Jusqu'à cette année, elle n'avait fait que connaître son nom et l'apercevoir de loin. Il ne lui accorda aucun regard, mais ce jour-là quelque chose avait changé. A ce temps-là, il était encore le jeune homme arrogant et méprisant qu'Aléonore n'admirait que pour son charisme, mais tout de même elle lui avait trouvé un petit quelque chose qui faisait la différence entre lui et son cher père. A partir de ce jour, elle revint régulièrement à la cour pour l'observer, à cette époque là il n'y avait que de l'admiration et du respect. Aujourd'hui les choses étaient différentes. En quatre ans, beaucoup de choses avaient changé dans la vie de tout le monde et Camelot pouvait se vanter d'avoir un prince courageux et protecteur envers son peuple. Une qualité qu'il démontra un bon nombre de fois et qui, au fil du temps, avait touché la jeune blonde. Âgée de vingt-et-un ans, elle vivait toujours avec ses parents et ses deux petits frères et soeurs. Elle avait ceci dit monté son propre commerce de fruits et légumes, et à côté elle fournissait toujours ses plantes médicinales à qui les voulait bien. Elle s'en sortait de cette façon et elle n'avait pas à se plaindre.. si elle avait le temps de bavarder avec le voisinage et de s'informer de tous les potins, c'était que tout allait bien. On la connaissait aujourd'hui comme le Loup Blanc et cela ne l'empêchait pas d'avoir des attaches amicales. Il suffisait simplement d'éviter de lui avouer l'inavouable, pourra-t-elle changer un jour ?