Pour qui n'habitait pas dans le luxe et la richesse, il était primordialement nécessaire d'user de tous les moyens possibles afin d'assurer sa subsistance. Quand je parlais d'employer tous les moyens possibles, je pensais bien à des moyens "légaux" et qui n'allaient bien évidemment pas à l'encontre des lois de Camelot. Comme la chasse par exemple. Et quelle importance si celle-ci m'obligeait à quitter ma maisonnée l'aube non déjà levée ?Au contraire, j'appréciais cela. Sentir l'air frais de la nuit qui s'achève dissiper les dernières brumes du sommeil de mon corps encore engourdi pour le vivifier, profiter des premiers rayons d'un soleil encore timide passants à travers le feuillage des arbres pour venir frapper le sol ici et là. Le silence régnait, seul troublé par le bruit étouffé de mes pas sur la terre ou le craquement bref d'une branche sèche sous mon pied. J'eu un léger sourire de bien-être. J'affectionnais la forêt, cet univers qui m'avait vu grandir et que j'avais su apprivoiser. Et chaque jour, je m'éveillais en sa compagnie: avant d'aller s'endormir pour durant tout ce jour nouveau, une chouette hulula une dernière fois au loin, donnant ainsi le signal aux oiseaux qui se mirent à siffler, dans un ensemble parfait. Les arbres agitaient doucement leurs branches sous la légère brise du vent, un couple de papillons voleta devant moi plein d'insouciance avant de s'en aller puis un lapin détala à toute vitesse, ventre à terre, pour ainsi retrouver la sécurité de son terrier. Aussi, et même si cela pouvait sembler totalement stupide pour qui me verrait en cet instant, j'esquissais quelques pas de danse en riant. Après tout, nul ne pouvait me voir et il n'y avait qu'ici que je pouvais être véritablement moi.

Mais aussi plaisante cette liberté pouvait être, elle ne me nourrissait pas et me lever aussi tôt que le gibier me permettait toujours d'avoir de quoi manger en quantité plus que suffisante pour une seule personne. C'était comme ça habituellement: j'en gardais une part importante et le reste, je le vendait au marché de Camelot, ce qui me rapportait quelques pièces toujours fort bien accueillies par ma bourse bien rembourrée grâce à mes économies. Pourquoi gaspiller son argent si péniblement gagné mais si bien mérité ?Or pour l'instant, j'avais des réserves de nourriture à alimenter. Lorsque l'on chassait, il y avait deux choses à garder à l'esprit: la direction du vent pour ne pas que notre odeur puisse alerter les proies et le bruit de nos pas. Mais pour moi qui chassait depuis maintenant suffisamment longtemps, ce n'était plus un obstacle. Ce qui me permit d'attraper deux écureuils et trois lapins. Pas mal non ?Pleinement satisfaite de moi, je pris comme chaque matin la direction du marché. Et malgré l'heure encore matinale, celui-ci était déjà bien animé par les multiples discussions entre marchands et clients ou les cris des enfants qui jouaient à se poursuivre en riant. Après être passée chez le boucher qui m'allégea de mes prises du jour tout en alourdissant ma bourse de quelques écus, ma bonne humeur ne pouvait qu'être plus grande.

-Bonjour Aléonore, quoi de beau aujourd'hui ?

Avec le sourire, je sortis de ma sacoche les herbes que j'avais également pris le temps de cueillir durant ma chasse pour les lui donner. J'étais au courant qu'elle vendait des herbes médicinales avec ses fruits et légumes, ce que j'allais lui chercher quand il lui était impossible de le faire. Notre connaissance commune de celles-ci était d'ailleurs un point commun entre nous deux qui nous rapprochait l'une de l'autre.

Puisqu'Aléonore était visiblement de très bonne humeur, la journée allait être excellente. Non pas que j'évaluais si la journée commençait bien ou non grâce à son humeur mais si elle-même était de bonne humeur, je n'avais donc pas à m'inquiéter ce qui la mettait de mauvaise humeur et donc moi aussi j'étais de bonne humeur. On ne rit pas de mon raisonnement, je vous remercie. Car l'une des raisons pour lesquelles J'appréciais de venir au marché, si ce n'était pour vendre à bon prix mes prises du jour, était justement pour voir mon amie. Car croyez-moi que de la voir toujours sourire derrière son étal et discuter avec animation en compagnie des clients, cela valait son pesant d'or. D'autant plus qu'Aléonore était une source ô combien fiable et intéressante de ragots divers et variés forts utiles à la fille de la forêt que j'étais. Car disons que s'informer sur les derniers événements survenus dans le royaume ne figurait pas vraiment dans la liste de mes priorités. J'eu un sourire en la voyant me remercier avec force en voyant les herbes que je lui avais apporté et haussais les épaules pour moi-même. C'était tout naturel et puis j'appréciais de passer du temps dans la forêt pour cueillir toutes ces plantes, cela aussi bien pour elle que pour moi.

« -Tout va bien je te remercie, tu sais bien que je trouve toujours des amateurs pour de belles prises toutes fraîches. J'ai entendu plusieurs passants parler du bon rétablissement du prince Arthur. Une excellente chose... »

Car entre le roi un peu trop sur les nerfs quand le mot "magie" arrivait jusqu'à ses oreilles et un prince un peu trop impulsif (ou stupide à vous de choisir) à mon goût pour sa propre sécurité, je préférais savoir le royal fessier du prince totalement sauf. Bon, j'ignorais totalement pourquoi et comment notre cher prince avait été blessé (aller sauver une belle princesse en danger était bien dans son genre), et cela n'allait pas m'empêcher de dormir de l'ignorer, mais que le roi Uther se retrouve sans héritier aurait été...gênant. Voir même catastrophique car quand il était question de magie, le prince me semblait nettement plus enclin à accepter la magie que son père. Moins paranoïaque également. M'éclaircissant la gorge pour étouffer mon rire naissant, j'essayais de penser à autre choses. Comme je pouvais être heureuse que personne ne puisse lire dans mes pensées, tant celles-ci me vaudrait un aller simple pour les prisons du château vu ce que je pensais du roi et du prince. Alors que je les respectais bien sûr. Enfin...Surtout le prince Arthur car quelle fille normalement constituée pourrait ne pas apprécier un homme aussi courageux et séduisant comme ce dernier ?Aucune, même si celui-ci n'était pas trop mon type d'homme. Ce qui me semblait parfaitement stupide de penser ça en cet instant.

« -Que c'est-il passé exactement ?Je ne me suis pas vraiment informée sur les événements et qui mieux que toi pourrait éclairer la lanterne de la sauvage que je suis ? »

Pas que J'appréciais de me considérer comme une sauvage mais que dire d'une fille qui ne cherchait même pas à savoir ce qui avait manqué de coûter la vie à son prince ?