Il fait très chaud dans la forge, comme toujours. Pourtant, la chaleur insupportable qui règne en ces lieux ne semblent pas déranger les deux hommes qui s'y trouvent. Pas plus que l'odeur de métal brûlé, où les cendres qui virevoltent partout. Cela n'a rien d'étonnant, ils ont passé toutes les années de leurs vies ici. Un père et son fils, forgeant du métal pour vivre. Un père et un fils partageant un amour commun pour cet art, et s'aimant profondément, quoi qu’avec pudeur. Rapidement, pourtant, le père laisse tomber l'épée qu'il est en train de forger, s'asseyant sur un petit tabouret, tentant d'essuyer son front plein de sueur. Edric, son fils est immédiatement à ses côtés. " Quelque chose ne va pas, père ? " . Le vieillard, lui sourit, heureux de sa compassion. " Tout va bien, fils, c'est juste que je me fais vieux... C'est normal que je ne sois plus aussi alerte qu'avant. Surtout que j'ai l'impression que nous n'aurons jamais fini de forger ses épées pour les gardes de Camelot... " . Edric peu rassuré, le regarde d'un air inquiet... son père, c'est la seule famille qu'il a. " Prenons une pause alors. Rien ne presse. Nous avons fourni assez d'armes pour un régiment entier, personne ne songera à nous blâmer pour quelques épées en retard. Et au pire, je sais que je pourrai finir seul, tu m'as suffisamment enseigné ton savoir. " . Le père regarde le fils avec une fierté non dissimulée. Il aime ce garçon, plus que tout, même si sa naissance a provoqué le décès de sa femme bien aimée. "Bien sûr que tu peux finir seul, mais quel genre d'homme serais-je si je te laissais tout faire tout seul pendant que je me repose ?" . Edric roule des yeux, ce débat avec son père, il l'a souvent, trop souvent. " Un homme âgé, rien de plus. " . Son père fait mine de s'offusquer mais part très vite dans un éclat de rire homérique. " Et qui doit subir les moqueries incessantes de son fils... Mais moi aussi je peux m'amuser de toi. Tu as dansé pendant très longtemps avec la fille de l'apothicaire hier soir. Tu n'aurais rien à me dire à ce sujet ?" . Le jeune homme pique un violent fard, en baissant subitement la tête, augmentant les rires de son père. Il marmonne quelque chose d'incompréhensible, avant de se détourner. "Allons, il n'y a rien de mal dans le fait de tomber amoureux... Comment s'appelle t-elle déjà ? . Le visage du garçon s'illumine soudainement à la mention de celle qui fait battre son cœur. " Elenya " . Son père fait une moue dubitative. " Un nom de princesse." . Edric réplique avec flamme. " Mais elle est une princesse " . Nouveaux rires du vieillards. "Non, c'est une villageoise comme toi. Enfin... pour quand est la déclaration ?" . Le fils rougit de plus belle. "Jamais, je n'oserai jamais lui dire ce que je ressens. " Le vieux forgeron se fait alors plus sérieux. Il regarde son fils gravement. " Tu dois lui dire, c'est important... Et heureusement pour toi, je vais te convaincre de le faire. " .

Le village de Camelot est plongé dans l'obscurité par cette froide nuit d'hiver. Toutes les chandelles sont éteintes, tandis que les pauvres gens ont trouvé refuge dans la chaleur de leur lit. Mais on peut encore distinguer une mince lueur dans la maison du forgeron. Les habitants de cette maison ne dorment pas. Cela fait quelques temps que c'est le cas. Le père est malade. Très malade. Il ne se lève plus et le fils le veille jour et nuit. Sauf que ce soir, c'est la dernière nuit. Ils le savent, ils le sentent. C'est douloureux et aucune des potions de Gaius peut atténuer la douleur de la future séparation. Finalement, le médecin préfère s'en aller, et les laisser seuls. Nul ne sait quelles sont les dernières paroles que le vieillard prononce à l'égard de son fils. Mais celui ci ressort de la chambre, les larmes au yeux, le poids du monde semblant s'être abattu sur ses épaules. Une femme l'attend dans leur petite cuisine. Ses longs cheveux blonds sont mouillés par la neige, tandis qu'elle tente de se réchauffer près de la cheminée. Elle comprend rapidement que c'est terminé pour le vieux forgeron et se lève pour serrer le jeune homme dans ses bras. L'étreinte dure, tous deux restant silencieux. Finalement, c'est lui qui rompt le silence. " Tu n'aurais pas du venir, Elenya, il fait trop froid pour que tu traverse le village seule." . Elle réfute l'affirmation rapidement. " Personne ne devrait être seul dans une nuit comme ça. Et j'étais inquiète pour toi." Il dépose un baiser dans ses cheveux avant de s'écarter à regret d'elle pour mieux la regarder. "C'est juste, que désormais, tu es tout ce que j'ai" . Ses yeux deviennent brillants, tandis qu'elle est touchée de cette déclaration. Mais très vite, son sens s'impose à elle. D'une voix tremblante, elle ose poser la question. "Il est mort, n'est-ce pas ? . Les prunelles chocolats du jeune homme redeviennent humide tandis qu'il acquiesce. Elle pleure à son tour. Au fil du temps, elle avait appris à vraiment apprécier le jeune homme. "Je suis vraiment désolée..." . Elle le sert à nouveau dans ses bras. Elle est la seule qui peut atténuer son désespoir. "Reste avec moi ce soir, s'il te plaît" . Il a murmuré tant il a peur que sa voix se brise. "Bien sûr" .

"Ouvrez au nom du Roi !" . Des coups répétés à la porte de la forge, dans l'aube naissantes. Réveillés en sursaut, Edric et Elenya se serrent l'un contre l'autre dans le lit conjugal. Ils sont désormais maris et femme depuis deux ans. Deux ans d'un bonheur sans nuages. Jusqu'à aujourd'hui. Edric se disait souvent qu'il avait trop de chance pour que cela dure... Et la façon dont les gardes sont arrivés est loin d'être rassurante. Pourtant, il tente d'avoir l'air sûr de lui pour rassurer sa belle. " Ne t'inquiète pas, je vais aller voir ce qu'il se passe. Reste ici." . Elle le regarde d'un air désespéré. Et secoue la tête doucement, en signe de dénégation. " Non, ils viennent pour moi..." . Les coups frappés à la porte redoublent et Edric à la désagréable impression de se retrouver dans un mauvais rêve. "Mais pourquoi, ils viendraient pour toi ?" . Il ne comprend pas. Il n'y croit pas. Elenya est si douce, si pure... il est improbable qu'elle ait fait quelque chose de répréhensible. Toutefois, elle ne réponds pas à sa question. Elle se contente de déposer un long baiser sur ses lèvres. "N'oublie jamais que je t'aime, Edric. Tu es la meilleure chose qu'il ne me soit jamais arrivée." . Sans écouter ses protestations, elle se lève et enfile son capuchon rouge pour aller ouvrir la porte dans une tenue décente. Elle fait courageusement face aux hommes du roi, qui lisent pourtant sa condamnation à mort. " Elenya Wisgan, vous êtes accusée de pratiquer la magie et de vendre des artefacts magiques en compagnie de votre père. La pratique de la sorcellerie est interdite dans la royaume, vous êtes donc en état d'arrestation dans l'attente d'un jugement. Si vous ne pouvez pas vous défaire des accusations portées contre vous, vous serez brûlée conformément à la loi." . Elle ne dit rien, se contentant de suivre en silence ceux qui sont venus l'emmener. "Non !! Dis leur que c'est faut Ele, dis leur que rien de tout ça n'est pas vrai." . Elle le regarde tristement avant de détourner la tête. Cet aveu silencieux est pire que tout. Edric tombe sur une chaise prostrée. Il ne sait plus quoi penser tandis que Elenya disparaît de son champ de vision. Un des gardes, resté en arrière se veut compatissant. " Ce n'est pas de votre faute, les sorcières sont souvent les plus rusées..." . Edric se relève, son hébétude enfin passée. " Elle n'en est pas une. J'irai le dire à son procès. Elle ne doit pas mourir." . Le garde, déjà sur le pas de la porte se retourne. " Je vous déconseille vivement de faire ça... Ils vous brûleront aussi. C'est déjà un miracle que vous ne soyez pas arrêté non plus. L’apothicaire et sa famille ont avoué, il n'y a plus rien à faire. Elle vous a menti, faites vous une raison." .

Se faire une raison... Facile à dire. Comment accepter que votre épouse vous ait menti pendant des années ? Comment accepter qu'elle soit ensuite tuée sans que vous ne puissiez rien faire ? Cela faisait deux ans, que Elenya lui avait été enlevé mais Edric ne l'avait toujours pas accepté. Elle avait beau lui avoir menti, sa mort était un chagrin insurmontable pour lui. Il n'était qu'un villageois, pauvre. Elle était sa seule perspective de bonheur.... Et maintenant, il n'en avait plus. A part la forge, il n'avait plus aucune raison de vivre. Il se contente de vivre, de travailler. Et chaque jour, dans sa forge, il pense à la haine que les Pendragon lui inspirent. Elenya était la créature la plus douce qu'il puisse exister, elle ne méritait pas de mourir dans d'atroces souffrances. Un jour, il aurait sa revanche. Il saisirait la première occasion qui se présenterait. Oui, il attendait patiemment son heure.

Heureux de voir enfin un nouveau membre masculin nous rejoindre !
Bref, un grand merci pour ton inscription jeune forgeron ^^
Ta fiche est déjà fort bien débutée...Impatient d'en découvrir davantage
Si tu as la moindre question, n'hésites surtout pas à nous Mpotter ^^